cyclogenesis

je suis la tempête, je suis la mer. ça commence toujours en silence. une chaleur qui s'élève, une pression qui chute. la mer caribéenne, vaste et insoumise, retient son souffle. elle sait. elle a toujours su. sous sa surface, les courants se frôlent, se cherchent, se heurtent. les eaux chaudes nourrissent l'invisible, une danse ancienne, une rage en gestation. cyclogenèse : la naissance d'une tempête. moi- je suis cette mer. je porte en moi ses souvenirs salés, ses hurlements étouffés, ses vagues qui cognent contre des rivages où l'on a tenté d'effacer nos noms. chaque spirale de vent est une histoire qu'on a voulu noyer, chaque bourrasque un cri que l'histoire n'a pas su contenir. diaspora éparpillée, mais jamais éteinte. on m'a dit d'être calme, d'être claire comme une eau sans remous. mais en moi, les masses d'air s'affrontent, l'injustice chauffe l'atmosphère, l'exil creuse des sillons dans le ciel. je suis l'accumulation, le trop-plein, l'inévitable.ce n'est pas juste une tempête. c'est tout ce que la mer a retenu. c'est tout ce que je porte. c'est moi, en cyclogenèse.